Le business des autoroutes

Publié le par presse

Le business des autoroutes

 

Les tarifs des péages ne cessent de flamber. Ces hausses sont-elles justifiées et à quoi sert réellement notre argent? Enquête sur le business des sociétés concessionnaires.

 

Paris-Toulon: 122,80€ l'aller-retour pour une voiture de tourisme et 193,80€ avec une caravane. Sans compter le carburant… Certes, tout service a un prix, mais celui «offert» par les sociétés concessionnaires des autoroutes coûte de plus en plus cher.

Ici, la crise, connaît pas!

D'autant que la France possède le plus grand réseau autoroutier d'Europe: 11.042 km et ce n'est pas fini… L'avant-projet du Snit annonce 18 projets dans les cartons avec, à la clé, une augmentation de plus de 10% du réseau actuel pour un coût de 8,4 milliards d'euros!
Les promesses du Grenelle de l'environnement semblent définitivement enterrées.

Si les écologistes hurlent, les sociétés d'autoroutes se frottent les mains en pensant à leur futur chiffre d'affaires, déjà pourtant conséquent – 8,25 milliards d'euros en 2010, 20% de plus qu'en 2006…

L'Etat fait des cadeaux, l'automobiliste paye!

Depuis 2006, les autoroutes françaises, autrefois publiques, sont pour une grande part gérées sous le régime de la concession par 6 sociétés privatisées. Quelque 8.000 km de bitume cédés à très bon prix puisque, selon un rapport de la Cour des comptes de 2008, la vente des concessions aurait dû rapporter à l'Etat, non pas 14,8 milliards d'euros mais 24 milliards d'euros! Vinci, Eiffage et Abertis règnent aujourd'hui sur les principales sociétés d'autoroutes françaises et ne se privent pas de faire fructifier leur rente. En commençant par les tarifs des péages, qui constituent 96 à 98% de leur chiffre d'affaires.
La Cour des comptes dénonce dans son rapport «des niveaux de recettes supérieurs aux tarifs moyens affichés et des augmentations dépassant les hausses autorisées». L'Asfa, l'association professionnelle regroupant les sociétés concessionnaires, a par exemple annoncé, début février 2011, une hausse moyenne des prix de 2,24%, bien supérieure à celle de l'inflation. Ce qui fait bondir l'association 40 millions d'automobilistes, soulignant que cette augmentation «ne devrait en aucun cas dépasser l'inflation de plus d'1,5%. D'ailleurs, les contrats de concession la limitent normalement à 0,7% de l'inflation». Les sociétés d'autoroutes tentent de se justifier en faisant porter le chapeau à l'État. Celui-ci vient en effet d'augmenter la taxe d'aménagement du territoire (Tat) qui sert à financer les lignes de train déficitaires.
Tant pis, l'automobiliste paiera plus cher. Ce ne sera pas la première fois… Selon le ministère des Transports, les tarifs des péages ont augmenté dans une fourchette comprise entre 11,46% à 19,44% entre 2004 et 2011. La plus gourmande est la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN) suivie par Autoroutes du Sud de la France (ASF) avec 17,81% et Estérel-Côte d'Azur-Provence-Alpes (Escota) avec 17,34%.

Des tarifs sans queue ni tête

A cette inflation tarifaire s'ajoute l'opacité des méthodes utilisées pour fixer les prix sur un même tronçon. Pour illustrer la disparité des tarifs pratiqués par les différentes sociétés d'autoroutes, la Cour des comptes donne l'exemple d'un conducteur qui emprunte le trajet Boulogne-Amiens de l'autoroute A16: «Il paye moins cher s'il sort à Amiens ouest (9,50€) qu'à Amiens nord (9,90€) en dépit d'un trajet plus long de5 km.» Autre incongruité: l'hétérogénéité des tarifs au kilomètre. «Sur le réseau Escota, hors tunnel de Monaco, les prix au kilomètre peuvent varier de 1 à 6. Ainsi l'automobiliste qui emprunte l'A52 de Saint-Maximin à Pas-de-Trets va débourser 2,50€ pour 39,6km,soit 0,63€/km, alors que celui qui roule sur l'A50 de La Bédoule à Cassis paye 0,90€ pour 2,3 km, soit 0,39€/km», peut-on lire dans le rapport. Bref, la politique du flou!

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